Une perte accélérée de la biodiversité en Afrique selon le rapport régional de l’IPBES

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Décrite comme le « GIEC pour la biodiversité », la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) est un organe intergouvernemental indépendant composé de 130 gouvernements membres.

Créé sous l’égide des Nations unies en 2012, l’IPBES fournit aux décideurs politiques des évaluations scientifiques sur l’état des connaissances relatif à la biodiversité, et aux écosystèmes. La 7ème réunion plénière (IPBES-7) a été réuni à Paris du 29 avril au 4 mai 2019 au siège de l’UNESCO.

A la suite de cette rencontre, le 6 mai 2019, l’IPBES a rendu public les premiers résultats de son critique rapport sur l’évaluation mondiale de la biodiversité depuis 2005 : « la biodiversité diminue plus rapidement qu’à tout autre moment de l’histoire de l’humanité » (voir : IPBES, The Regional and Subregional Assessment Report on Biodiversity and Ecosystem Services for Africa, 492p). Cette évaluation régionale pour l’Afrique, a été une des quatre évaluations régionales réalisées sous la direction de l’IPBES est la première de ce type établie pour le continent. Elle constitue une synthèse de l’état actuel des connaissances sur la biodiversité. 

La région Afrique (comme les quatre autres évaluations régionales) comprend deux documents : un rapport technique (divisé en chapitre) et un résumé à l’intention des décideurs politiques. Le résumé à l’attention des décideurs (SPM) renferme les informations les plus importantes des chapitres en 22 messages clés, regroupés en cinq sections et couvrant les sujets suivants : 

A/ Les atouts naturels de l’Afrique sont uniques 

B/ L’Afrique sous pression 

C/ Renforcer les cadres de transformation de l’Afrique 

D/ L’Afrique dispose de solutions 

E/ L’avenir que nous voulons – Concrétisons-le ensemble 

Ce rapport souligne plusieurs chiffres sur la biodiversité et l’environnement en Afrique : 

La tendance actuelle :

  • 6,6 millions : ce sont les kilomètres carrés de terres dégradées en raison de facteurs comme la déforestation, l’agriculture non durable, le surpâturage, des activités minières non contrôlées, des espèces exotiques envahissantes et le changement climatique entraînant l’érosion des sols, la salinisation, la pollution et la perte de végétation ou encore de fertilité des sols ;
  • 2 millions : ce sont les kilomètres carrés de terres protégées (dont 6% de forêts tropicales à feuilles persistantes riches en biodiversité et 2,5% des mers africaines) ;
  • 25% : les personnes confrontées à la faim et à la malnutrition (2011-2013) en Afrique subsaharienne, la région la plus pauvre en vivres au monde.

Les projections d’ici 2100 :

  • Le changement climatique pourrait faire perdre 40-50% des espèces d’oiseaux et de mammifères africains ;
  • 20-30 % : c’est déclin prévu de la productivité des lacs ;
  • 54% : les Africains devraient vivre dans les zones urbaines et périurbaines d’ici 2030 (contre 39% en 2003)
  • 2,5 milliards : la population estimée de l’Afrique en 2050 (le double du chiffre actuel). 

Cette évaluation régionale de la biodiversité revêt une importance capitale pour toutes les parties prenantes intervenant dans les décisions relatives aux investissements écologiquement sensibles et à l’utilisation des terres, afin de mettre en la lumière de différents scénarios sur la perte de la biodiversité et des services écosystémiques en Afrique. 

Par Chancia IVALA PLAINE | Juriste en droit de l’environnement

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